Jusqu'au 6 mars 2022, le Musée du verre de Charleroi, situé au Bois du Cazier, propose une plongée dans l'univers artistique empreint de poésie d'Anusch B à travers une exposition intitulée Mes racines dans le ciel. L'artiste est connue pour ses perles de verre et ses créations en verre soufflé et coulé. Visite.
Les choses de la vie, les peines et les joies de l'existence, voilà ce qu'Anusch B, de son vrai nom Anuschka Bayens, exprime dans ses œuvres de verre. Que ce soit dans ses perles filées au chalumeau, ses créations soufflées à la canne ou encore dans ses verres coulés, l'artiste parle de son vécu. « Avec mes œuvres, on est dans l'intime, mais à la fois aussi dans l'universel. L'inspiration est souvent puisée dans mon enfance, dans l'Afrique, dans des rapports humains, dans des choses que j'ai vécues personnellement et mon travail, c'est un travail de résilience et une envie de partager. »
Enfance en Afrique
Anusch B a grandi en Afrique et plus particulièrement en Côte d'Ivoire. Enfant, elle est fascinée par les perles de verre qu'elle trouve sur les marchés d'Abidjan et dont elle fait collection. Le travail du verre lui est venu par ces perles africaines. À 17 ans, elle revient en Belgique pour effectuer des études d'ingénieur commercial à Bruxelles. Elle crée à cette époque ses premiers bijoux.
En 2005, elle se lance dans la fabrication de ses propres perles de verre filées au chalumeau. Puis, en 2013, Anusch B abandonne son métier d'ingénieur commercial et se lance dans la création artistique à temps plein. Elle se forme aux différentes techniques du verre : verre soufflé, verre coulé… Aujourd'hui, elle est reconnue comme une figure majeure de l'art de la perle de verre et est très active sur la scène du verre d'art contemporain.
Elle vit une partie de l'année en Belgique, l'autre à Murano près de Venise, un centre du verre réputé en Europe. « Murano est un choix de vie, qui est une évidence. J'y suis arrivée pour le verre, mais j'y vis aussi pour la lagune de Venise, qui est la même lagune que celle d'Abidjan où j'ai grandi. J'ai eu le sentiment d'arriver chez moi à Venise ».
Mes racines dans le ciel
Le titre de l'exposition, qui retrace le parcours artistique d'Anusch B, évoque à la fois un épisode malheureux vécu par l'artiste et l'Afrique : « En février 2020, je me suis cassé le poignet droit et ça a coïncidé avec la crise du Covid. J'ai eu peur pendant plusieurs mois de ne plus pouvoir travailler. Mes mains sont mes racines dans le ciel. Ce sont mes mains qui me portent. Le titre a aussi un rapport avec l'Afrique. Une légende raconte que Dieu, un jour fâché avec le baobab parce que l'arbre se plaignait tout le temps, l'a arraché et l'a replanté à l'envers. D'ailleurs, on dit du baobab qu'il a les racines à l'envers ».
La culture africaine, les expériences humaines, les joies et les peines de la vie, tout cela traverse et se mélange dans l’œuvre d'Anusch B. L'artiste, qui mélange différentes techniques du travail du verre, cherche et expérimente pour créer du beau.
L'installation centrale de l'expo, intitulée We are made of more wather than blood, composée de dizaines de galets de verre soufflé transparent dans lesquels sont insérées des perles bleues filées au chalumeau, évoque l'eau, celle de la lagune d'Abidjan, mais aussi celle à l'origine de la vie sur Terre. On se laisse porter par cette vague transparente qui joue avec la lumière.
On a aussi le regard attiré par des masques et des créations qui portent des scarifications. Ces éléments renvoient clairement aux traditions ancestrales et tribales africaines. Les scarifications, tout comme ses « tranches de vie », évoquent aussi les cicatrices et les traces laissées par l'expérience sur nos vies. Quoiqu'il arrive, les cicatrices laissent aussi passer la lumière. Le bonheur est toujours possible. Résilience.
En plus des œuvres retraçant son parcours artistique, Anusch B présente dans l'expo des sculptures réalisées en partie dans les ateliers du Musée du verre. Pour l'occasion, l'artiste a expérimenté l'impression photographique sur verre. Entre ses mains, le verre transmet et provoque des émotions. Il devient beauté et poésie. Une expo à voir et à ressentir.
Infos pratiques
L'expo est accessible du mardi au dimanche.
Visites guidées possibles sur réservation : pour les groupes, mais aussi pour les visiteurs individuels (sous réserve d'inscription préalable, minimum 4 participants individuels).
Diverses activités autour de l'expo seront organisées, notamment pour les enfants.
Début février, un stage d'initiation à la perle de verre sera mis sur pied.
Le musée du verre présente aussi une collection permanente qui retrace les étapes de l'histoire millénaire du verre.
Agenda des activités du musée, horaires et tarifs sur : charleroi-museum.be/musee-du-verre/
Rédactrice / Photographie : Irma Marie