Si la scène rap se développe et évolue à Charleroi c’est grâce, notamment, à Melvin Ross et CestCalvin. Ce 28 octobre dernier, ils faisaient la première partie du concert de Georgio à l’Eden. Nous sommes partis à la rencontre de ces artistes émergents, prêts à se faire un nom dans le rap belge.
L’univers de Melvin ? Proposer des sons, sucrés, doux et mielleux. Non, vous ne rêvez pas, je ne suis pas en train de vous expliquer la dernière recette de marmiton. L’objectif de Melvin est de vous partager de la musique spontanée et joyeuse pour vous donner le smile. Son univers musical s’axe autour des friandises et du miel et non autour de la drogue ou des armes, cela change.
L’univers de CestCalvin ? Un peu plus nostalgique que son acolyte, même s’ils traitent des mêmes thématiques, Calvin propose une approche plutôt mélancolique lorsqu’il chante. Lorsque leurs univers se rencontrent, cela donne un contenu alternatif et nouveau sur la scène rap carolo, avec des morceaux comme Candy, Amour ou Clean que je vous conseille vivement d’écouter.
L’avantage pour les deux amis est de pouvoir toucher autant un public jeune que plus âgé.
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Venir de Charleroi : un avantage ou un fléau ?
Même si c’est une force et une partie de leur identité, évoluer à Charleroi est parfois un fléau à cause du manque d’infrastructures pour lancer les jeunes dans la musique. Le premier morceau posté sur la plateforme Instagram par CestCalvin, Ignorance, a été enregistré sur son téléphone, dans sa chambre. C’est le même ressenti pour Melvin : « les sons qui ont décollé, ce sont des sons que j’ai enregistré dans chez moi, solo ». Heureusement pour eux, des ingénieurs son comme Fuego ou des studios à Bruxelles les ont aidé à développer leur activité musicale.
C’est ainsi que, contre toute attente, leurs auditeurs sont principalement Liégeois, Bruxellois, Français voire même Montréalais ! Plus de Québécois écoutent leur musique que de carolos. Comme le mentionne Calvin : « je pense que c’est peut-être une déception, on était un peu déçu de voir qu’à Charlouze on n’avait pas vraiment de support, enfin de force… ».
Mais notre Pays Noir reste un thème qui inspire surtout Melvin. Ce dernier a d’ailleurs sorti plusieurs titres notifiant ses origines. Pour 2021, il prendra une autre direction artistique. Il s’exprime à ce sujet : « je continue à revendiquer Charleroi mais sans cesse répéter le mot Charlouze, j’avais l’impression d’être un perroquet ».
Un thème récurrent : l’amour
Quand on écoute les paroles de leurs chansons plus attentivement, l’amour est un thème répétitif. Dans un premier temps, Melvin me confie que son objectif est de rendre fier sa maman et que sa reconnaissance et son amour est important à ses yeux. C’est pourquoi il en parle aussi souvent lors qu’il chante. Pour Calvin, c’est un thème aussi important que de prôner la bonne humeur et la good vibe.
Les deux souhaitent vraiment transmettre un message de paix et d’amour et rappent sur ce qu’ils vivent. D’ailleurs, c’est leur morceau Amour qui fait vibrer le public en concert d’après eux. « La création c’est vraiment fait au feeling » explique Melvin. Et bien souvent, quand il créent une musique, la sincérité et le naturel paient.
Une période marquée par le COVID qui les a influencés
Le Covid a été bénéfique pour les deux artistes, mêmes si certaines scènes ont malheureusement été annulées. Par exemple, le morceau La vie en rose de Melvin s’est co-créé avec sa communauté sur Instagram. Il a publié un extrait et les abonnés voulaient une suite. Il s’est donc exécuté. Vu que le monde tournait au ralenti à cette période, ils en ont profité pour écrire au maximum et divertir leurs fans.
En ce qui concerne Calvin, il n’avait pas de matériel d’enregistrement, il était impossible pour lui de continuer à produire. Il a donc choisi d’investir et de se procurer tout le matériel adéquat et ainsi se plonger dans l’écriture et la réalisation de morceaux. C’est pourquoi son nouvel album Infinite summer a vu le jour fin septembre.
Des aspirations tournées vers la jeunesse
A court terme, l’objectif est de rencontrer le public et de faire un maximum de scènes ! Sur le long terme, ils souhaiteraient développer le potentiel des jeunes carolos dans la musique. Pour eux, certains ados très talentueux proposent des univers totalement alternatifs et ils voudraient avoir les moyens de leur donner un coup de pouce. Melvin, de son côté, aimerait promouvoir les trop méconnues rappeuses carolos en leur proposant des collaborations.
Quand on leur demande un conseil pour les jeunes qui souhaitent s’investir dans un projet musical, CestCalvin répond directement : « Être authentique et persévérer . Un peu de chance, parfois ça aide. Avoir des rencontres un peu chanceuses mais si tu crois en ta musique, en ton potentiel, tu vas toujours finir par toucher des gens ».
Pour Melvin, il est primordial de ne pas faire comme Stromae ou Damso : « quand tu n’as pas encore créé ton personnage, quand tu n’as pas encore créer de fanbase assez solide, tu n’as pas le droit de disparaître ».
Chroniqueuse : Amélie Rimac
