Trois ans après leur premier album Say., le groupe carolo Run Sofa revient avec leur second album Face it. Un opus innovant, brut, épuré et puissant. Pour mieux comprendre leur univers musical et qui se cache réellement derrière ce duo, nous sommes partis à leur rencontre en une belle matinée ensoleillée. Direction Le Pain Quotidien de Charleroi pour une interview décontractée.

Antoine et Julien sont cousins. Marcinellois et issus d’une famille de musiciens, ils ont créé Run Sofa en 2016. Associé au genre post-punk, ils souhaitent d’abord partager une passion et surtout un message fort avant de se cantonner à un genre.

S’ils étaient quatre à leurs débuts, 2021 a été une année charnière pour le groupe qui a choisi d’opter pour un changement radical. Run Sofa s’axe maintenant uniquement autour des deux cousins avec un seul à la batterie, qui a un rôle secondaire dans le duo.

Les textes faussement simplistes d’Antoine ont comme objectif d’apporter un regard critique sur la société et ainsi de proposer une musique franche. On ne pas va se le cacher, leur musique ne plaira pas à tout le monde mais comme disait Stromae : « Plaire à tout le monde c’est plaire à n’importe qui ».

© Run Sofa

La crise du COVID : une période de restructuration profonde

Février 2020, quand l’insouciance régnait sur le monde, Run Sofa faisait des concerts, rencontrait le public et vivait l’expérience live à 100%. Bien qu’ils aient été coupés dans leur élan, la crise sanitaire a, pour eux, été enrichissante. De fait, cela leur a permis de réfléchir à une restructuration musicale et un changement profond dans l’identité du groupe : « Cette pandémie mondiale nous a tous aidé à prendre du recul et se poser ». Run Sofa a donc recentré sa musique sur les voix et les textes pour une musique plus minimaliste et brute.

Face it signifie faire face. Faire face à l’injustice, aux inégalités mais aussi faire face au monde en règle général. L’album a été enregistré par Jan Viggria membre du groupe The Guru Guru et mixé à Bristol, par Jim Barr de Portishead, un groupe anglais fondateur et emblématique du mouvement « trip hop ». Si ces noms ne vous disent rien, sachez que ce sont des sommités dans leur domaine, dont Run Sofa s’est entouré pour la création de son deuxième album.

Face It nous propose de regarder la réalité en face, sans artifice. Cela peut faire mal mais cela nous réserve aussi de belles surprises et c’est ce message que Run Sofa veut transmettre.

© Run Sofa

Leur première scène en 2021 : un second souffle

Jeudi 28 octobre, ils remontaient pour la première fois sur la scène du Botanique à Bruxelles, avec un concert et une présence au Botakids. Quand je leur ai demandé comment ils expliqueraient leur musique aux enfants, le duo m’explique c’est d’abord une «  musique qui a un côté sombre mais dans laquelle il y a de l’espoir qui nous aide à être de meilleurs êtres humains ».

Revenir sur scène est une façon de donner une seconde vie au projet. Donner un second souffle à Face It, puisque les morceaux ont été composés il y a plusieurs mois, voire, pour certains, un an. Leur musique est une expérience qui doit se vivre en live. Il était donc temps que les concerts reprennent.

Un lien à Charleroi entre haine et amour

« Il y aura toujours une accroche à Charleroi. On l’aime et on la déteste en même temps : c’est une relation amour-haine », comme le mentionne Julien. Être carolo fait partie de l’identité du groupe ils ne s’en cachent pas, c’est leur héritage. Antoine insiste d’ailleurs sur les propos de son cousin : « ça nous a marqué au fer rouge, on n’oubliera pas d’où on vient et on a besoin de se rappeler nos racines et quels ont été les obstacles ». Quel que soit l’avenir du groupe, ils me rassurent : ils viendront toujours jouer à Charleroi car la ville a fait partie de leur processus de construction.

© Run Sofa

Ce qui n’empêche pas le groupe de regretter un peu que le Pays Noir évolue à un rythme plus lent, qu’il s’y passe moins de choses musicalement parlant qu’ailleurs. Parallèlement, assez peu de scènes sont mises à disposition pour les artistes, il n’existe pas non plus beaucoup de club ou de scènes ouvertes pour se produire. Dès lors découvrir, déceler les artistes carolos émergents, devient plus difficile…

Pourtant, ils en sont persuadés, il y a une demande réelle, elle manque juste de visibilité. Il suffit de relancer le mouvement !

Chroniqueuse : Amélie Rimac

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